dimanche 27 mai 2012

Monstres!

Il y a quelque temps, je finissais la nouvelle anthologie des éditions Céléphaïs et, ma motivation revenue, je me lance enfin pour donner mon avis sur les textes recueillis.

Petite présentation d'abord :

Titre : Monstres !



Éditeur : Céléphaïs

Dirigée par Jacques Fuentealba.

Quatrième de couverture : Des eaux troubles de l'océan aux pistes des cirques les plus étranges, de l'apparente normalité de demeures anonymes aux villes cauchemardesques ou fantasmatiques, du passé légendaire aux futurs postapocalyptiques, voyagez aux côtés de montres du folklore (vampires, loups-garous, fantômes, Léviathan), de phénomènes de foire comme d'abominations échappant à toute classification. Tour à tour proches de nous, miroirs déformants ou hideuse altérité, les créatures qui peuplent cette anthologie vous convieront à un tour du monde de la littérature fantastique, à travers vingt-et-unes nouvelles d'auteurs d'origine américaine, australienne, israélienne, espagnole, argentine, uruguayenne ou française.

Il y a un peu plus d'un an, je recevais un mail de Jacques invitant ses amis auteurs à répondre à un appel à texte sur la thématique des monstres. N'ayant pas eu le temps de finaliser mes idées, j'ai laissé de côté ma participation sans jamais oublier ce projet, attendant avec impatience la sortie de l'anthologie. Lorsque le sommaire et la couverture ont été révélés, mon impatience a grimpé d'un cran aussi, lorsque j'ai vu la petite pile d'anthologies sur le stand Céléphaïs/Borderline au dernier festival de Bagneux, je me suis jetée dessus, et j'ai bien fait, voyez plutôt : sur les ving-et-une nouvelles, il y en a une que je n'ai pas vraiment comprise, cinq que j'ai apprécié, quatre que j'ai aimé, quatre que j'ai beaucoup aimé et sept qui sont de vrais coups de cœur.

Mon avis sur les nouvelles :

Lanjnoir de Lavie Tidhar est un texte complexe, tant dans son univers que dans sa narration et, malgré plusieurs lectures, je ne suis toujours pas parvenue à en comprendre le sens. C'est une nouvelle qui me rend très perplexe parce que je sens sa qualité sans parvenir à la cerner.



Fantômes de Carlos Gardini m'a plu mais sans plus. J'ai trouvé l'histoire un peu trop longue et le personnage d'Amanda un peu fade mais l'histoire de l'ange est bien trouvée et très touchante.

Les meilleurs partent toujours en premier de Nelly Chadour est une nouvelle sympathique mais un peu trop facile à mon goût. La fin rattrape la narration un peu faible et trop peu pensée à mon avis et je n'ai pas réussi à accrocher aux personnages ni à l'intrigue. Malgré cela, je pense qu'il s'agit d'un texte plutôt sympa pour les amateurs du genre.

Ma femme est un shoggoth de Jeffrey Thomas est encore une fois une nouvelle que j'ai trouvé sympathique sans y trouver quelque chose de plus pour la rendre mémorable.

Lien de sang de Lewis Shiner est original dans son ambiance et dans sa narration mais un peu trop fouillis dans l'intrigue et classique dans la relation entre les personnages. Une nouvelle intéressante mais sans grandes surprises.

J'aurai pu avoir un avis plus positif d'En préparant le pot-au-feu de Timothée Rey si je n'avais pas lu, un peu avant, une nouvelle autour du même thème. Du coup, je n'ai pas été trop surprise par la narration ni par l'intrigue mais la plume est vraiment très agréable et estompe ce manque de surprise de ma part.


Blue de Pablo Dobrinin est une jolie introduction au recueil mais, même si le postulat de départ m'a plu, j'ai trouvé quelques longueurs dans la narration et j'aurais aimé une fin un peu plus percutante.

L'heure de suicidés de Marc R. Soto est servie par une jolie plume et une belle histoire (je ne dis pas jolie, j'ai tendance à mal employer le terme). J'ai trouvé l'intrigue belle dans la mélancolie qui s'en dégage et bien pensée. J'aurai juste aimé avoir plus de détails, je reste un peu sur ma faim.

L'histoire de Mater Insania de Marija Nielsen m'a laissé un goût amer dans la bouche (et, bizarrement, c'est une bonne chose) à cause du sujet qu'il traîne (une mère devient de plus en plus démente au point de devoir être enfermée par son mari et ses enfants) mais aussi du traitement des personnages que j'ai trouvé très touchants.

Je dois dire que je n'aurais pas tant aimé Altera in Alteram si je n'étais pas aussi amatrice de la plume de Léonor Lara. L'histoire et les personnages m'ont paru un peu ternes (mais il faut aussi dire que j'ai un problème avec les histoires d'amour) mais le style, la manière de peindre les sentiments de personnages, les ambiances… m'a fait oublier le reste.


Bloody Faerie deYohan Vasse est tout aussi drôle, bien pensé et bien écrit que London Faerie Blitz paru dans la précédente anthologie des éditions Céléphaïs, "Légendes!". J'ai eu beaucoup de plaisir à suivre, une nouvelle fois, les aventures du détective Alligatore et des personnages qui l'accompagnent. Rien à redire sur le style, le traitement des personnages ou l'intrigue, la nouvelle se lit comme on boit une bière bien fraîche sur une terrasse par ces chaudes journées.

Je reproche à Pêche en haute mer d'Alan Baxter un côté Lovecraftien inachevé. Il ne manquait qu'un petit je-ne-sais-quoi pour rendre cette nouvelle excellente, le style est là, la tension aussi (surtout la tension) mais ce n'est pas un coup de cœur pour autant.

Je m'attendais à lire une nouvelle humoristique en commençant Le Vieil Homme et la Mer. Et l'étranger. Et le Kraken de Pedro Escudero mais il n'en fut rien. Ce texte est empli d'une mélancolie teintée de désespoir que les relations entre les personnages (et le Kraken, ici, fait bien partie de ces personnages) rehaussent justement. Le tout entouré d'un paysage fait de falaises, de mer grise et de légendes pour offrir au lecteur une très belle histoire de vengeance et d'apprentissage.

Zombi Revenge psyché de Marc-Olivier Aiken m'a aussi fait croire à un texte humoristique (moi, quand je vois "zombi" je pense à drôle, même si nombre d'auteurs m'ont montré le contraire). En réalité, l'auteur joue sur les idées que peut avoir le lecteur pour le mener droit dans son piège. Bien pensée et bien amenée, la chute m'a très agréablement surprise alors que je pensais lire un banal texte sur les zombies.



Dieu est argent de Kaaron Warren, deuxième nouvelle de l'anthologie, est mon premier coup de cœur. La narration est brillamment menée et les personnages de Tom et du dieu son emplis d'une étrange profondeur qui m'a laissée admirative. Si la chute est classique, elle n'en demeure pas moins bien menée et offre à la nouvelle un point final à la hauteur de l'intrigue.

Tout de suite après Dieu est argent, se trouve la nouvelle de Célia Deiana, Les Reines de l'évasion, mon second coup de cœur. Le thème des monstres évoque en moi des images bien particulières que l'auteur a très bien su rendre, c'est la nouvelle que j'attendais de lire depuis que j'avais appris le thème de l'anthologie. J'ai mis un peu de temps à reconnaître le personnage principal mais la découverte n'en a été que plus savoureuse. Les premières images sont tout simplement parfaites, elles m'ont transportée directement dans l'univers de la nouvelle et, à partir de ce moment-là, chaque décor, chaque parole était d'une telle justesse que j'ai lu le texte sans même m'en apercevoir.

Tania de Fermin Moreno est un texte très court et très puissant. Dès le premier prénom employé, j'ai tout de suite été embarquée dans les villages roumains qui peuplent mon imagination d'enfant. J'ai apprécié le décor de ce cirque de campagne, les personnages qui y évoluent, l'atmosphère de confinement qui donne à l'intrigue une touche d'angoisse et d'attente.

J'ai commencé à lire À l'aube de la nuit de Bill Congreve sans trop d'enthousiasme. Je l'ai même laissé de côté au début parce que les nouvelles policières, ce n'est vraiment pas mon truc et qu'en plus de ça, elle était plutôt longue. Et pourtant, une fois passées les premières pages, je n'ai pas pu arrêter ma lecture, allant même jusqu'à m'asseoir dans la station où le métro m'avait déposé pour en connaître la fin. L'intrigue met un peu de temps à se mettre en place mais, une fois qu'on commence à avoir les éléments clés en main, elle prend une dimension plus vaste et plus palpitante qui m'a fait tourner les pages avec une rapidité qui m'était étrangère.

Le Grand-père Loup de Steve Rasnic Tem est intrigant non pas par le secret qu'il cache puisque le titre nous donne un gros indice là-dessus, mais sur l'histoire qui est la sienne. Les pensées de sa petite fille et la relation qu'ils nouent à mesure que passent les phrases sont à la fois sensibles et bien menées par l'auteur. Ce n'est pas seulement une histoire de monstre, c'est celle de pulsions et de sentiments servie par une belle plume.

L'Évolution des espèces de Nuria C. Botey est, à l'inverse de la nouvelle précédente, une nouvelle crue, sanglante et cruelle. Le narrateur nous présente sa vie avec un regard cru, ne nous épargne rien, ni scène de sexe ni torture ni meurtre et pourtant, malgré cela, il y a dans ses mots une sensibilité particulière, animale qui donne une profondeur particulière au personnage.

Et pour finir, le coup de cœur des coups de cœurs, Je ne suis pas un monstre de David Pierru. Je ne sais pas si c'est parce qu'elle est la première nouvelle que j'ai lue (j'aime commencer par la fin) ou si le thème me parle particulièrement mais j'ai trouvé que tout, ici, était emprunt d'une justesse discrète et puissante (un cocktail qui fait toujours mouche pour moi). Le personnage est attachant sans être pathétique, l'intrigue menées avec une main de maître, juste ce qu'il faut de tension, d'atmosphère léchée et de sentiments. Les deux dernières phrases m'ont tour à tour arraché une larme et un éclat de rire. Bref, je suis heureuse d'avoir commencé par elle et d'avoir fini par elle aussi (le genre de nouvelle que je pourrai lire et relire sans me lasser). 

Si vous voulez en savoir plus ou commander l'antho parce qu'elle est topissime, c'est par là que ça se passe.

dimanche 20 mai 2012

Challenge SFFF 100% VF

Je suis officiellement en vacances alors, après un week-end de repos et de sommeil je prends plein de bonnes résolutions pour les mois qui viennent. Et la première de ces résolutions, c'est la participation au challenge SFFF francophone lancé par Cécile Duquenne ici.

Le principe :

1 liste.
20 romans de SFFF.
20 auteurs français.
11 petits éditeurs.  
20 € maxi par livre.
10 romans à piocher si on ne veut pas tout lire.
1 commentaire, ici, pour s'inscrire.

Voici donc la liste (avec, en bleu, les livres que je compte chroniquer) :

* [Charlotte Bousquet] Llorona on the rocks (18€, Argemmios)

* [Nathalie Dau] Les débris du chaudron (13€50 Argemmios)

* [Laurent Whale] Les pilleurs d'âmes (18€, Ad Astra)

* [Ophélie Bruneau] Et pour quelques gigahertz de plus (20€, Ad Astra)

* [Jeanne A. Debats] Métaphysique du vampire (13€, Ad Astra)

* [Christophe Nicolas] Projet Harmonie (19€90, Riez)

* [Franc Ferric] La loi du désert (19€90, Riez)

* [Céline Guillaume] Le ballet des âmes (18€90, Riez)

* [Cécile Duquenne] Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue (10€, Voy'el)

* [Christian Léourier] L'arbre-miroir (13€, Voy'el)

* [Lia Vilore] Vampires d'une nuit de printemps (17€90, Petit Caveau)

* [Lydie Blaizot] La maison de Londres (18€90, Petit Caveau)

* [Jacques Fuentealba] Retour à Salem (14€, Midgard)

* [Anthony Brocard] Erèbe (19€, Midgard)

* [Estelle Valls de Gomis] Les gentlemen de l'étrange (9€, Black Book)

* [Yan Marchand] Comme un poison dans l'eau (8€, Griffe d'encre)

* [Marie Lé-Camille] Les voyageurs (20€, Griffe d'encre)

* [Sophie Jomain] Les anges mordent aussi (18€, Rebelle)

* [Roland C. Wagner] Le serpent d'angoisse (8€10, ActuSF)

* [Yves Grevet] Méto, tome 1 (14€90, Syros)


Pour plus de détails, le blog de Cécile se trouve par là ; n'hésitez pas à vous inscrire ici (que vous soyez blogueurs ou non).

jeudi 10 mai 2012

En vitesse

Pas beaucoup de temps en ce moment, les examens sont la semaine prochaine et, comme j'ai raté mon premier semestre à cause de la langue française, je ne peux vraiment pas me planter maintenant.

À côté de ça, j'ai aussi continué mes projets en cours (Vlad, Johannes) et d'autres dont je parlerai prochainement. J'ai aussi repris la lecture de manière plus soutenue (parce que passer quatre à cinq heures par jour le nez dans l'ancien français, ça donne envie de lire des textes plus abordables) et je suis tombée sur des textes très sympathiques (sans pour autant être des coups de cœur).

Je vous dis à dans une semaine et demie (le temps de me remettre de mes émotions). Au programme, une chronique sur l'anthologie Monstres! De Céléphaïs, une présentation de Johannes et un bilan un peu plus détaillé sur mes envois de nouvelles.